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L’évolution des taux d’activité résulte aussi de l’effet des comportements par âge des homes et des femmes

Le taux d’activité des hommes et des femmes en baisse




Au cours des quarante dernières années, le taux d’activité des 15-64 ans est d’une étonnante stabilité, il est quasiment toujours resté aux environ de 70 %. Ce phénomène est le résultat de très nombreux facteurs qui évoluent dans des sens différents : l’élévation de l’activité féminine, l’allongement de la durée des études puis de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein, l’impact du chômage, etc. Depuis quelques années, on assiste à une diminution.
Si l’on observe les quarante dernières années (1975-2015), le taux d’activité des 25-49 ans a progressé de dix points 78 à 88 %. A cet âge, exercer une activité rémunérée à la fois la condition de l’autonomie économique, mais aussi un élément du statut social. La progression a surtout eu lieu entre 1975 et 1995 et résulte pour l’essentiel de la progression de l’activité féminine. Elle traduit principalement la baisse du nombre de « femmes au foyer » : une fois scolarisées, les jeunes filles se dirigent désormais dans leur immense majorité vers l’emploi. La progression de l’activité féminine est en effet spectaculaire. Entre 1975 et 2015, leur taux d’activité des femmes de 25 à 49 ans est passé de 59 % à 83 %. La place des femmes dans la société a été complètement transformée. Au cours de cette période, l’écart de taux d’activité entre hommes et femmes a été presque divisé par quatre, de 38 à 10 points.
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L’évolution des taux d’activité résulte aussi de l’effet des comportements par âge. La période 1975-2015 est d’abord marquée par la nette diminution du taux d’activité des 15-24 ans, passé de 58 % à 38 % entre 1975 et 1995. Cette baisse correspond au boom scolaire français et au développement de l’enseignement supérieur. Depuis 20 ans maintenant, le taux d’activité des jeunes n’évolue plus. Quant au taux d’activité des 50-64 ans, il a diminué nettement entre 1981 et 1991 ; la politique de l’emploi organise alors le retrait d’activité, notamment avec le développement des préretraites. Face au déséquilibre du financement des retraites, changement d’orientation : l’objectif est de remettre les plus âgés au travail et leur le taux remonte à plus de 60 % avec l’allongement des durées de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein. Cette inversion, durée d’études qui stagne et allongement de la durée de vie au travail est une première rupture dans notre histoire sociale depuis la fin du XIXe siècle.
Un changement historique
Globalement, l’activité rémunérée occupe toujours la même proportion de la population d’âge adulte. Pour autant, les données récentes suscitent quelques interrogations. Depuis la fin des années 2000 et la crise financière, le taux d’activité des 25-49 ans constituerait, s’il se confirme, un autre changement historique. Le mouvement reste de faible ampleur (le taux d’activité n’a baissé que de 1 point, notre représentation amplifie les variations), mais il est tout à fait nouveau. Surtout, il traduit deux phénomènes. D’une part, une stagnation du taux d’activité féminin, qui constitue une rupture de tendance après des décennies de hausse. S’agit-il d’un nouveau « plafond de verre » en matière d’activité professionnelle ? Les femmes vont-elles, malgré tout, arriver au même niveau d’activité que les hommes ? D’autre part, une baisse inédite de l’activité masculine : à la fin des années 1980, leur taux d’activité (25-49 ans) atteignait 97 %, contre 93 % aujourd’hui. On peut penser qu’une partie des hommes comme des femmes, découragés devant les conditions d’emploi (bas salaires, chômage, conditions de travail) se sont retirés de l’activité. L’effet est loin d’être limité : la seule baisse du taux d’activité masculin représente l’équivalent de 600 000 actifs de moins.